Le mot sérigraphie vient du mot latin sericus (soie) et du grec graphein (écrire, dessiner). Si le mot a été inventé au 20e siècle, le procédé lui, date de 2700 ans. Il nous vient des Chinois qui utilisaient la technique du pochoir collé sur un morceau de soie pour la décoration des étoffes et l’écriture des proverbes sur papier. C’est Marko Polo qui a eu connaissance de ce procédé d’impression lors des dix-sept années qu’il a passées à la cour impériale de Chine et qui l’a rapporté en Europe avec plein d’autres choses dans ses bagages (la poudre, les pâtes, la boussole, la crème glacée…). Les tisserands de la région lyonnaise ont adopté et développé ce savoir faire pour décorer les soies et les étoffes pendant plusieurs siècles. On appelait d’ailleurs cette technique “l’impression à la lyonnaise”. Le procédé est toujours utilisé de nos jours.
L’engouement pour la sérigraphie comme moyen d’expression artistique dans les années 70 s’explique par le fait que les artistes de cette époque comme Andy Warhol ou Victor Vasarely qui cherchaient à obtenir des aplats de couleur très forts ont trouvé dans la sérigraphie une technique et un mode d’expression mieux adapté à leurs aspirations que la lithographie ou la gravure.
Le procédé sérigraphique a aussi été totalement mécanisé pour une application industrielle. On utilise alors des machines pour des tirages en très grand nombre pour marquer tous les objets qui nous entourent, du pot de yaourt aux vêtements en passant par les panneaux de signalisation et les autocollants. Mais c’est un autre métier…
Mon idée est de préserver et de transmettre des techniques artisanales et entièrement manuelles qui consistent à appliquer à travers un cadre tendu de soie (actuellement du nylon ou du polyester), sur une feuille de papier ou un T-shirt, le motif de son choix que l’on a dessiné soi-même sur l’écran. C’est pourquoi j’anime des stages de sérigraphie artisanale dans mon atelier à Paris et l’été sur l’île de Korčula en Croatie.
Pour la sérigraphie artisanale il suffit d’un écran (cadre tendu de soie), d’un pinceau, d’une raclette, d’un produit bouche pores et de peinture. Le principe est celui d’un pochoir amélioré puisqu’il s’agit de boucher les mailles sur les parties de la soie que l’on ne souhaite pas voir apparaître. Ceci peut s’effectuer de différentes façons selon le rendu que l’on veut obtenir. La raclette est un objet en bois et caoutchouc que l’on utilise pour forcer la peinture à traverser l’écran de soie et se déposer sur le support choisi. Ce procédé permet d’obtenir un dessin en plusieurs exemplaires, en une ou plusieurs couleurs et sur toutes sortes de supports : papier, tissu, plastique, verre, métal, etc.
J’ai découvert la sérigraphie et j’en ai appris les bases pendant mes études de peinture à l’école des Beaux Arts de Paris et j’ai immédiatement adopté cette technique car elle correspondait bien à mon travail artistique. Au fil des années, j’ai développé d’autres façons de confectionner des écrans en fonction du motif et pour obtenir des effets différents.
Je prépare aussi bien entendu les écrans avec le procédé photochimique d’insolation et de dépouillement pour des demandes spécifiques. Dans ce cas là l’image est travaillée à l’ordinateur et flashée sur un transparent appelé typon puis insolée sur l’écran. Cette technique se fait sans aucune intervention manuelle. Il suffit d’acheter une flasheuse et un châssis d’insolation et d’appuyer sur un bouton. Ce matériel est cher et réservé aux professionnels qui sont déjà établis dans le métier. Par contre, le seul procédé reconnu pour les tirages d’art, numérotés et signés est le tirage manuel (passage de la raclette sur l’écran pour faire passer l’encre).